Anecdotes du quotidien

Par les stagiaires du Collège Jean-de-Brébeuf

Nerveux, mais prêts à faire face à cette nouvelle réalité, nous avions appréhendé l’arrivée dans ce pays complètement inconnu à nos yeux. Après maintenant deux semaines au Sénégal, nous nous émerveillons, nous adaptons, nous apprenons et témoignons dans ce court texte de quelques aspects de la grande histoire.

Nos inquiétudes se sont rapidement apaisées dès notre arrivée au village de Diassap, où nous sommes chaleureusement accueillis. Cette forme d'hospitalité, nommément la teranga, est caractéristique des Sénégalais.es et nous permet de nous intégrer aisément dans nos familles respectives. « Lors de ma première messe sénégalaise, le prêtre a pris le temps de s'adresser à chacun d'entre nous. « Vous êtes ici chez vous » m'a-t-il dit les yeux emplis de sincérité »  - Guillaume « Boucar »

Au fur et à mesure que nous découvrons le mode de vie sénégalais, la solidarité ainsi que l'esprit d'entraide des habitants ici nous laissent bouche bée. Les enfants prennent soin l'un de l'autre, et trouvent toujours un moyen de se divertir avec ce qu'ils ont sous la main, peu importe les circonstances. « J'ai été ému par la compassion d'un enfant envers l'autre, lorsque l'un est tombé durant un match de foot, et s'est blessé, son ami l'a pris dans ses bras et l'a retiré du jeu pour le consoler. « Mossa mossa, ravale tes pleurs, petit enfant » lui a-t-il dit. »  -Samuel « Thomas »

Les femmes travaillent de très tôt le matin à très tard le soir et ont un rôle essentiel dans le village. « À mon arrivée dans la famille, j'ai rapidement compris que ma mère, non seulement s'impliquait dans la vente des mangues, mais aussi dans la préparation des repas, le soin des enfants, le maintien de l'harmonie familiale. Son engagement dans la communauté m'a impressionné dès le début » - Mariana « May »

L'esprit de communauté entre les habitants de Diassap leur permet de vivre une vie simple et authentique. Chaque famille se débrouille avec ce qu'ils ont. Habitués à une société individualiste, nous avons été agréablement surpris.e.s par la solidarité au sein du village. Toutes les maisons ensembles forment qu'une seule et grande famille où voisin.ine.s deviennent soeurs et frères. Chacune des portes demeure ouverte pour offrir à tout moment une hospitalité bienveillante à son prochain.

Nous avons tous l'impression que nos journées se déroulent rapidement, même si pour la plupart du temps nous n'avons rien de planifié. D'ailleurs, c'est ce qui rend l'expérience spontanée et attrayante que de toujours rester ouvert à l'imprévu.

À présent, nous ne ferions pas justice à toute cette histoire si nous ne mentionnons pas notre alimentation. Thiéboudienne, Mafé, Yassa, Thé et bien plus sont au rendez-vous pour épicer nos journées et nous donner les forces nécessaires afin d'accomplir le projet terrain. Celui-ci consiste à rénover, peinturer et décorer la garderie de Diassap (de la paroisse Saint-Pierre). Les bruits ambiants tels que les hennissements de l'âne et les cris des coqs servent d'un réveille-matin quotidien. « Mon premier repas au Sénégal: autour du bol commun, je mangeais tranquillement le riz, le poisson et les légumes qui se trouvaient devant moi. Ayant bien mangé, je dépose ma cuillère, et rapidement ma mère me répète « gniama, gniama ». Les premières fois que ce scénario s'est produit, j'ai souri naïvement, avant d'apprendre un peu de la langue sérère noon et de dire « me kapen » (j'en ai assez). » - Quynh « Binta »

« Mon premier soir au village, alors que je m'habituais toujours à ce nouveau mode de vie, à la température, et aux différentes saveurs et odeurs qui m'entourent, j'ai découvert tranquillement la présence de Modou, notre âne dont le hennissement ressemble à la fois à une alarme ou un cri inquiétant! Mon incompréhension première quant à la provenance de ce bruit a bien amusé ma famille d'accueil. Un rire généralisé a été déclenché par tous et mon père s'est empressé de m'expliquer que Modou est leur réveil matin quotidien, son cri étant si strident » - Stéphanie « Ndaw »

Nous sortons de nos maisons et cheminons jusqu'à la place centrale du village, avides de nous raconter nos anecdotes familiales de la veille et prêts à transférer notre joie de groupe dans notre travail. Parfois, pinceaux et matériaux sont délaissés pour jouer avec les enfants dont les rires insouciants emplissent le jardin de la garderie et dont les yeux brillants reflètent nos regards émus et choyés. Les petits s'émerveillent devant les objets modestes que nous avons apportés et qui viennent d'un monde inconnu et spectaculaire pour eux : crème solaire, verres de contact, vernis à ongles, montres et lunettes. Cette stupéfaction est réciproque, puisque nous sommes autant surpris par l'ingéniosité des enfants dans leurs jeux qu'ils le sont par nous. Les jeux de main, le football, les jeux de mots et les cerceaux occupent leurs journées.

« Alors que je défaisais ma valise avec ma sœur d,accueil, j'ai sorti mon Purell. Ma jeune sœur la pris et s'en est mis généreusement sur les mains pour ensuite me regarder, avide de questionnements. Elle ne savait pas encore que j'avais autant de questions pour elle, et j'ai su à cet instant que ce stage serait d'une grande réciprocité, que cet échange serait tellement formateur." - Danelly « Sorkhna »

Nous vivons dans un village à majorité catholique, dans un pays majoritairement musulman. Nous sommes arrivés quelques jours avant la Korité, soit une fête musulmane qui marque la fin du ramadan. « Je suis allée avec ma famille chrétienne dans une famille musulmane pour participer à la préparation de repas traditionnels lors de cette fête. Tous les plats allaient être distribués dans le village. » - Mélissa « Mamkoura »

Pour ce qui en est du rire au Sénégal: y en a-t-il de plus contagieux? Y en a-t-il de plus simple et vivant? Depuis le début de notre stage, nous ne pouvons nous empêcher de sourire quand nous sommes en famille et qu'un rire généreux est déclenché. Parfois, un simple mot mal prononcé en sérère de notre part nous vaut les plus beaux sourires. Une maladresse, une incompréhension culturelle, une drôle de grimace est bien suffisante pour créer le rire de tous et toutes. Nous portons ces rires et sourires dans nos cœurs, et voulons rapporter cette joie de vivre dans notre quotidien de retour au Québec.

Nous avons à peine eu le temps de réaliser que nous sommes arrivés au Sénégal que nous voyons les semaines défiler devant nos yeux. Le cœur et l'esprit légers, nous mordons dans la vie et nous sommes avides de vivre le reste de l'aventure.


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