Visite de Jean Lemire au Sénégal

C'est avec fierté que nos partenaires du groupement des femmes de Baback-Sérères et notre groupe QSF ont accueillis une importante délégation le 28 mars dernier: Jean Lemire, émissaire aux changements climatique du Québec, accompagné de la direction du Bureau du Québec à Dakar et de représentants de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) au Sénégal. 

Voici un texte de Samuel Dulac, un stagiaire du groupe qui relate cette journée.

Le grand jour était enfin arrivé. Après deux semaines de préparation pour la venue de l’émissaire québécois aux changements climatiques et aux enjeux nordiques, Jean Lemire, il devait finalement arriver avec une délégation. Il n’était en visite que très peu de temps au Sénégal et c’était sa seule visite sur le terrain pour voir des initiatives d’agriculture locale. Comme il avait un emploi de temps très chargé, la visite ne devait pas durer plus de 1h30 et donc il était primordial d’être rodé au quart de tour afin de bien présenter notre projet et ses différents enjeux. L’arrivée de la délégation sera à 15h. Il faut se mettre dans la peau des Sénégalais(e)s pour effectuer deux constats : la notion de temps est un peu différente ici et il est très judicieux d’insister grandement pour que tout le monde soit à l’heure et n’arrive pas en retard. Il y a aussi le fait qu’à cette heure, les femmes de notre groupement sont en train de finaliser le repas pour la concession entière puisqu’elles s’occupent des tâches ménagères et des enfants pendant la journée. Il était ainsi de mise de trouver une solution pour s’assurer que tout le monde soit présent à l’heure pour cette réunion importante. Le compromis effectué fut de cuisiner ensemble, stagiaires et membres du groupement des femmes, plus tôt.

Jean Lemire et la délégation arrivèrent enfin au son des griots et des danses sénégalaises. Les Sénégalais(e)s sont très fier(e)s de leur culture et il est important pour eux et elles que les invité(e)s soient bien accueilli(e)s et se sentent les bienvenu(e)s. L’ambiance était joyeuse et les femmes du groupement démontraient leur talent au niveau de la danse sérère. Quelques stagiaires ont bien tenté de les imiter mais sans autre succès que beaucoup de rires. Après une quinzaine de minutes, le tout s’est calmé pour faire place à la partie un peu plus sérieuse de la rencontre. La rencontre a commencé avec un mot de bienvenue de Félix D. Pouye, qui représentait le chef du village et qui a fait part de la reconnaissance du village envers la visite officielle d’une personne importante provenant de très loin. Deux femmes du groupement ont ensuite pris la parole : Abby et Bigué. Il faut comprendre qu’il peut être ardu pour elles de s’exprimer en public face à une assemblée composée majoritairement d’hommes. Abby a pris la parole en français avec courage pour expliquer à quel point le projet était capital pour les femmes. Il leur permet de travailler auprès de leur famille et non de partir loin comme auparavant, pour aller effectuer des tâches de ménagère à Thiès. Bigué, elle, s’est exprimée en wolof et a été savamment traduite par Maty qui est une stagiaire d’origine sénégalaise indispensable au projet puisqu’elle joue un rôle de traductrice en faisant le lien entre nous, les stagiaires, et les femmes du groupement. Elle a expliqué les enjeux et les difficultés qui sont reliés au projet : premièrement, celui de concilier le travail et la famille, ce qui n’est pas évident et qui est très épuisant, avec une pression constante de ne pas savoir s’il y aura un gain en argent à la fin de l’année. Deuxièmement, celui du manque d’eau en dehors de la période d’hivernage qui ne dure que trois mois (juin, juillet et août). 

Le reste de la rencontre s’est fait sur le périmètre maraicher avec une visite guidée. Nous avons présenté le fruit de notre travail conjoint. Il fallut nettoyer le périmètre, mesurer la grandeur des parcelles, passer le daba pour briser la couche superficielle du sol, égaliser, fertiliser avec le fumier et finalement repiquer. Les pépinières préparées par les femmes avant notre arrivée ont permis le repiquage de laitue et de chou. Ce travail a été effectué avec une approche favorisant l’autonomisation des femmes en leur laissant prendre les décisions et planifier le travail des prochaines semaines à venir.  Ce travail consistera en l’élaboration de nouvelles parcelles, l’arrosage et l’entretien de celles déjà en culture et le repiquage de nouveaux légumes comme les oignons, les aubergines et les tomates. L’autonomisation des femmes est un enjeu fort important pour l’étudiant en gestion qu’est Keith. Il doit penser à vulgariser grandement ses connaissances dans la divulgation des formations en gestion de budget, en étude de marché et en formation d’une structure capable de prendre des décisions et étant transparente. Des formations de niveau assez élevées à des femmes qui ne savent pas lire et écrire pour la grande majorité. (9 des 13 femmes avec qui nous travaillons sont analphabètes).

Après la visite du périmètre, les stagiaires sénégalai(e)s du volet réciprocité de QSF, Alain et Fatou, ont parlé de leur stage à Montréal.  Maude, une stagiaire du groupe, a aussi pris la parole pour souligner le volet interculturel du projet qui prend une grande place avec mer et Monde. Les stagiaires s’intègrent entièrement dans leur milieu en habitant chez des familles d’accueil pour pouvoir comprendre le quotidien de la vie des Sénégalais(e)s. Une langue différente et des habitudes de vies complètement chamboulées amènent les stagiaires à s’adapter à leur nouveau milieu de vie et à apprécier pleinement leur expérience en tissant des liens avec de nouvelles personnes.

En bref, la venue de Jean Lemire s’est conclue comme il se devait : les femmes de notre groupement ont offert un cadeau symbolique à celui-ci au son de la musique des griots. Il partit en disant qu’il avait apprécié la rencontre, en félicitant les femmes pour leur courage devant les difficultés qu’elles ont à affronter et en souhaitant de tout cœur la pérennité du projet.


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