Science politique et droits humains au Sénégal

Un texte de Lydie Simon-Haché, stagiaire en science politique à l’UQAM 

Depuis trois mois, je suis en stage à la RADDHO (Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’HOmme).

Avec mon superviseur, Mr Diallo, nous travaillons sur un plaidoyer mettant de l’avant des réflexions portant sur les droits économiques, sociaux et culturels et le développement. À travers ce travail, nous désirons mettre en relief le manquement de l’application du droit au Sénégal, malgré les textes de loi et les OMD (Objectif du millénaire pour le développement) et ODD (Objectif de développement durable) de l’ONU. Je dois donc porter un œil assez critique sur le Sénégal et son comportement face au respect des droits humains. Il est intéressant d’observer toutes les lois et les traités/pactes internationaux ratifiés, sans qu’ils ne soient mis en œuvre. Malgré la bonne volonté derrière les signatures, les plans d’actions concrets ne suivent que très rarement, ou qu’à moitié. Le Sénégal est un bon élève, plein de bonne volonté au niveau international, mais qui ne suit pas toujours ses engagements au niveau national.

En parallèle de notre projet de plaidoyer, nous avons assistés à divers séminaires et conférences, qui montrent l’engagement de la société civile quant au respect des droits humains, lesquels se heurtent souvent à la religion (l’homosexualité), ou aux traditions (l’excision ou encore le mariage infantile). Il s’agit alors de passer outre la religion et la tradition (tout en continuant à les respecter car elles ont leur part entière dans la société), pour pouvoir faire accepter que chaque être humain a des droits, et notamment le droit à la vie et au respect de sa dignité, ou encore à droit à l’éducation et à la santé.

Toujours en parallèle, j’ai participé à l’élaboration d’un appel à proposition lancé par l’Union Européenne concernant le droit des personnes handicapées. Le Sénégal ayant encore du travail à faire quant à l’accessibilité (transports en communs, infrastructures publiques ou privées), ou encore à l’accès à l’éducation et à l’emploi des personnes handicapées, il a été très intéressant de travailler avec l’organisation “Handicap Form Éduc”, et de m’imprégner du vécu et de l’expérience de ses membres. De plus, réfléchir à des méthodes de sensibilisation et de communication m’a permis de constater la difficulté de faire changer les choses, ne serait-ce qu’un petit peu. 

La vie en famille d’accueil

Étant au 3/4 de mon stage, je considère comme essentiel à mon apprentissage ici d’avoir été hébergée dans une famille d’accueil. Pouvoir mettre à profit ce que j’apprends au quotidien avec la famille sur le lieu de stage, tout comme pouvoir mettre à profit ce que j’apprends sur le lieu de stage avec la famille. Comment aurais-je pu travailler dans les droits humains sans comprendre la vie des sénégalais? (…)  Il est vrai que s’adapter prends du temps et une volonté de comprendre l’autre et son mode de vie. Il ne s’agit pas ici de comprendre ce qui se passe autour de nous dans la seconde, instinctivement, mais d’y réfléchir, pour le comprendre bien souvent quelques jours après.

Je pense avoir appris énormément. Pas tant sur moi-même, mais plus sur l’approche qu’on peut avoir de notre quotidien, qu’il soit pauvre ou moins pauvre, et sur nos conditions de vie qui nous façonnent tant. Je me suis indignée plus d’une fois sur le fatalisme dont on peut faire preuve lorsque l’on “a pas le choix”, et sur les “c’est comme ça ici”, ou encore “c’est le Sénégal”. (…) Mais j’ai aussi pu remarquer que sans être défaitiste, cette approche de la vie s’avère aussi être la volonté de mener une vie simple, sans grande ambitions extravagantes qui nous mettent de la pression, car l’on croit que c’est par celles-ci que l’on atteindra le bonheur ou la réussite. Bref, ce sont des notions qui sont si différentes d’un individu à un autre, d’une société à une autre. J’ai également appris à savoir lâcher prise, et à accepter de ne pas pouvoir toujours tout contrôler, car tout ne peut pas être parfait. La vision d’une vie simple à laquelle on peut sourire à tout est une philosophie indispensable au bonheur : Savoir rire et sourire même lorsque tout n’est pas parfait.


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