Projet Salud Honduras 2001

Matthieu Tittley

Introduction

Durant les mois de mai et juin derniers, j'ai participé à un stage en santé communautaire d'une durée de sept semaines. Je me suis rendu pour ce faire au Honduras avec des copains de classe. Ce document est un rapport de ce voyage. Il est destiné à plusieurs fins. D'abord et avant tout, c'est un exercice personnel de réflexion et de retour sur mon expérience. Ensuite, ce sera l'objet de mon évaluation par le Dr Jacques Girard pour le cours Stage dans un pays en développement offert à la faculté de médecine de l'Université Laval. Enfin, c'est un document par lequel je désire partager ce vécu avec tous les intéressés, entre autres l'organisme Mer et Monde ainsi que les gens et organisations qui ont généreusement participé au financement de mon voyage.

Ce projet en était un de groupe. Je tente dans ce rapport de faire ressortir de façon
prédominante mon vécu personnel. Cependant, il m'est impossible de faire abstraction de
notre expérience commune, c'est pourquoi je fais mention de réalisations auxquelles je n'ai
participé moi-même que de façon secondaire mais qui prenaient place dans notre projet
global.

Plusieurs des informations que je donne sur la situation du pays proviennent de mes
observations personnelles, d'autres, de mes discussions avec des intervenants locaux du
système de santé ou de simples gens du peuple, et enfin de mes lectures. Les données
statistiques sont tirées soit de L'État du Monde 2001 ou encore de données locales

1. Objectifs du stage

Quelques semaines avant mon départ, j'ai rédigé les objectifs personnels suivants :

En rapport avec la culture hondurienne :
- apprivoiser le choc culturel, mon premier de cette importance ;
- |m'efforcer de comprendre les différences de mentalités entre nos deux peuples ;
- perfectionner mon espagnol au maximum ;
- accepter d'être transformé par mes rencontres et expériences.

En rapport avec le domaine médical :
- |prendre conscience de la réalité socio-sanitaire quotidienne des Honduriens ;
- prendre conscience du fonctionnement du système de santé en place, de ses possibilités en lien avec ses ressources ;
- prendre conscience des similitudes et différences quant aux problèmes de santé les plus
courants (mortalité et morbidité) entre le Canada et le Honduras ;

- réaliser au moins un des projets suivants :

  • campagne de vaccination ou de déparasitage ;
  • rencontres d'information avec le public sur des notions de santé (hygiène de base,
    eau potable, diarrhée, hygiène de grossesse, allaitement, MTS, etc.) ;
  • projets d'infrastructures (latrines, puits d'eau potable, etc.) ;
  • conception de biscuits nutritionnels en collaboration avec un organisme local ;
    assister un médecin dans des soins médicaux primaires en clinique ;
  • assister au travail d'une sage-femme ;
  • toutes autres réalisations ayant un impact positif sur la santé des Honduriens.

    o Établir des contacts avec des jeunes de la rue afin de leur offrir un soutien amical et de me laisser toucher par leur réalité quotidienne.
    o Et bien sûr, profiter du voyage au maximum !

2. Préparation du projet

L'idée d'un voyage dans un pays en développement a germé dans l'esprit de neuf étudiants en médecine vers la fin de leur première année de cours au printemps 2000. L'objectif était double : stage dans le domaine médical et projet d'aide humanitaire. Ces étudiants, dont plusieurs étaient déjà mes amis, ont débuté des recherches pour trouver un organisme accompagnateur. Leur choix s'est porté sur Mer et Monde, un organisme non gouvernemental (ONG) montréalais qui réalise des travaux de coopération au Sénégal et au Honduras. Mer et Monde prépare et accompagne des jeunes pour des expériences de travail volontaire dans ces deux pays. Nous étions leur premier groupe à vocation médicale. Les neuf camarades m'ont proposé de me joindre à eux durant l'été 2000 afin de compléter un groupe de dix participants.

Le partenariat avec Mer et Monde impliquait une formation pré-départ d'environ 40
heures sur les thèmes suivants : l'implication canadienne en coopération internationale, le
choc interculturel, la réalité socio-sanitaire des pays en développement, la santé des femmes
et des enfants dans les pays en développement, quelques notions d'histoire, de politique et
de culture hondurienne, les attentes réalistes face à un projet de coopération internationale,
les aspects pratiques d'un voyage à l'étranger, etc. Diverses personnes-ressources ont
participé à ces formations, dont Renaude Grégoire qui en a assuré la majeure partie. Je la
remercie sincèrement pour son dévouement et son dynamisme.

D'un point de vue interne, nous nous rencontrions tous les dix sur une base hebdomadaire. Nous discutions alors de l'avancement des préparatifs, en particulier de la recherche de financement. Puisqu'il n'y avait aucun chef dans notre groupe et que toutes les décisions se prenaient en commun, nous avons tous dû faire des compromis et développer nos capacités à travailler en équipe. Notre patience a parfois été mise à dure épreuve, mais nous en sommes tous sortis grandis.

Afin de faire reconnaître cette expérience comme stage crédité MED-19508 à l'Université Laval, nous avons convenu avec le Dr Jacques Girard, responsable de ce stage. de voir en accéléré le contenu du cours Santé dans les Pays en Développement, normalement obligatoire comme préalable. Nous avons donc préparé entre nous une présentation des différents chapitres de ce cours, laquelle a été réalisée lors d'une rencontre de quelques heures où le Dr Girard était présent.

Enfin, nous avons eu deux autres rencontres avec des organismes qui ont participé au
financement de notre voyage, soit l'Office Québec-Amérique pour la Jeunesse (OQAJ) et le
Bureau International de L'Université Laval. Ces deux rencontres, de quelques heures chacune, touchaient des sujets similaires à ceux abordés avec les gens de Mer et Monde, soit le choc culturel, les conseils pratiques aux voyageurs, la santé en voyage, etc.
La recherche de financement, quant à elle, nous a demandé beaucoup de temps et d'énergie. Elle a revêtu plusieurs formes, dont :

o des activités " communautaires " : lave-auto, vente de sucreries, soirée de quilles,
o quêtes dans nos paroisses respectives, etc.;
odes demandes de dons à des représentants des gouvernements municipaux,
provinciaux et fédéraux, à des institutions financières, à des organismes communautaires, à
des groupes religieux, à des commerçants et à des individus ;
o des demandes majeures de subventions, dont celles à l'OQAJ et au Bureau
International de l'Université Laval.

Ces nombreux efforts ont finalement porté fruit, ce qui nous a permis de couvrir la
majeure partie des frais de notre séjour et même de laisser de l'argent sur place pour
certains projets qui nous tenaient à cœur.

3. Le Honduras et sa capitale

Notre séjour a eu lieu au Honduras, pays situé en Amérique Centrale, entre le Salvador et le Guatemala à l'ouest et le Nicaragua au sud et à l'est. Sa côte septentrionale est baignée par la mer des Caraïbes et la méridionale par l'Océan Pacifique. Sa superficie, de 112 000 km2, est légèrement supérieure à celle de l'Irlande. Son relief est extrêmement montagneux. Un peu plus de 6 millions de personnes y vivent, la langue dominante étant l'espagnol. Les principales industries comprennent la culture de fruits, dont la banane, et de café, ainsi que des usines de compagnies multinationales étrangères, communément rappelées maquilas ou maquiladoras. Le PIB de 2 433$ par habitant est le second plus bas d'Amérique Centrale après celui du Nicaragua et correspond environ au dixième de celui du Canada à 27 400$. Un salaire minimum théorique existe et n'est généralement pas respecté.

Notre travail bénévole s'est déroulé en majeure partie dans la capitale, Tegucigalpa, où vivent plus d'un demi-million d'habitants. Cette ville est située dans les montagnes, à près de 1000 mètres d'altitude. Elle comporte quelques quartiers relativement riches appelés colonias, mais surtout des barrios très pauvres disposés à flan de montagne. On m'a dit que les peuples des pays voisins surnomment cette ville la poubelle de l'Amérique Centrale. Les gens y jettent effectivement leurs déchets partout. Des amas d'ordures |s'empilent ainsi sur les bords des rues et sur chaque terrain vague. Cette situation entraîne évidemment de graves problèmes de salubrité.

Les autobus représentent le principal moyen de transport, le Hondurien moyen étant beaucoup trop pauvre pour se payer le luxe d'une voiture. Les chemins d'accès aux quartiers populaires sont souvent difficilement praticables, surtout durant la saison des pluies. Au moment de l'ouragan Mitch en octobre 1998, certains quartiers ont été littéralement enterrés sous la boue et des milliers de gens y ont laissé leur vie.

Le taux de chômage au Honduras, et dans la capitale en particulier, est quasi inimaginable. Les gens quittent la campagne pour un exode massif vers la ville dans l'espoir de trouver un emploi. Ce qui les attend est beaucoup plus souvent la misère que de réelles opportunités. Une solution tentée par plusieurs est de vendre des marchandises de toutes sortes dans la rue pour gagner quelques sous. La criminalité est omniprésente. Nous avons nous-même été témoins à plusieurs reprises de scènes de violence ou de délinquance. Les gens qui possèdent le moindre terrain ou bâtiment s'empressent de l'entourer de clôtures et de barbelés, craignant d'être victime de vol.

4. Situation sanitaire de la population

L'espérance de vie au Honduras est de 69,4 années. Le nombre moyen d'enfants par famille est de sept, et ceux-ci sont très souvent obligés de travailler très jeunes pour Bramener un peu d'argent dans leur foyer.

Les problèmes de santé les plus fréquemment rencontres au Honduras sont les infections respiratoires aiguës, les dermatites de toutes sortes et les parasitoses intestinales. La malnutrition est aussi une problématique sanitaire très répandue, ses principales causes étant la situation économique précaire des familles et le manque de connaissances sur l'importance de la diversité de l'apport alimentaire. La cause de mortalité la plus fréquente demeure celle qui regroupe les morts violentes : suicides, meurtres, accidents, etc. C'est dans les deux plus grandes villes du Honduras, Tegucigalpa et San Pedro Sula, qu'on retrouve les taux de SIDA les plus élevés de toute l'Amérique Centrale.

Les maladies tropicales, inexistantes au Canada, se retrouvent de façon courante au Honduras. Par exemple, la malaria est endémique dans plusieurs régions. Heureusement, le Plasmodium falciparum, le type le plus mortel, demeure rare mais les autres types sont très répandus. On retrouve aussi au Honduras de façon courante la maladie de Chagas et la fièvre Dengue.

Parmi les problèmes de santé qui concernent principalement les jeunes on retrouve la toxicomanie. La forme la plus courante d'abus de substance, si on exclut l'alcool, est l'inhalation de Résistai, une colle d'usage courant dans l'industrie du soulier. Extrêmement facile à obtenir, très bon marché, ce produit est un véritable fléau. Dans les villes, on peut apercevoir à tout moment des gens, surtout des adolescents, étendus dans un coin et reniflant les vapeurs sortant d'un sac en papier. Les lésions neurologiques causées par l'inhalation prolongée de cette colle sont considérables. C'est un boulet duquel beaucoup ont grand peine à se débarrasser.

La situation des femmes au Honduras est loin d'être reluisante. Cette société est encore fondamentalement machiste. Être victime de violence de la part du père, des frères ou plus souvent du conjoint est le lot quotidien d'une trop grande portion des femmes honduriennes. Un nombre inimaginable se retrouvent chef de famille monoparentale lorsque leur conjoint les quitte pour se refaire une autre vie, plus facile, avec une femme plus jeune ayant moins de bouches à nourrir. Les rôles sociaux que remplissent les mères honduriennes sont nombreux et ingrats. Elles veillent aux soins du foyer et des enfants. De plus, elles doivent souvent occuper des emplois difficiles et peu rémunérateurs, comme la production textile dans les maquilas.

5. Système de santé

L'organisation du système de santé hondurien comprend essentiellement trois volets. Le Ministère de la Santé gère le plus important, soit le réseau public. L'accès aux soins n'y est pas complètement gratuit mais les tarifs sont tout de même à la portée de tous. L'Eglise catholique, de son côté, est encore responsable de plusieurs cliniques et de quelques hôpitaux mineurs. Enfin, un système privé parallèle existe pour ceux qui ont les moyens de se le payer, c'est à dire une très faible minorité de la population.

Le système public est divisé en quatre niveaux. Au niveau des soins primaires on retrouve d'abord les centres de santé. Ils sont appelés Centre de Santé Rural (Centra de Salud Rural ; CESAR) et Centre de Santé avec médecins et dentistes (Centra de Salud con Médico e Odontologo ; CESAMO). Les centres ruraux sont tenus par des infirmières dont la formation totale ne dépasse habituellement pas six mois. Un médecin les visite à intervalles généralement très espacés, entre deux semaines à deux ou trois mois. Les soins qu'on peut recevoir, souvent les seuls pour les populations éloignées, sont d'un niveau de qualité qui serait en Amérique du Nord totalement inacceptable.

Les centres avec médecins et dentistes dispensent quant à eux de meilleurs soins et ont accès à plus de médicaments. Situés dans les agglomérations d'une certaine importance, les transferts vers les hôpitaux sont possibles au besoin. Les ressources dont disposent ces cliniques demeurant cependant très limitées, les médecins honduriens doivent se fier beaucoup plus à leur examen clinique et à leur instinct pour poser leurs diagnostics que ne le font les médecins d'ici. En effet, les examens paracliniques tels les cultures microbiennes ou 1e13 examens d'imagerie sont beaucoup trop coûteux pour les utiliser dans des proportions comparables aux normes nord-américaines. Un traitement médicamenteux d'essai est donc souvent de mise, les cliniciens se fiant beaucoup à la règle statistique de probabilité pour décider de la pathologie la plus susceptible d'être en cause.

On retrouve ensuite des hôpitaux locaux dans les localités de moyenne et de grande importance. Ceux-ci disposent de ressources relativement importantes, par exemple des départements chirurgicaux, mais encore là de beaucoup inférieures aux standards nord-américains. Enfin un nombre très limité d'hôpitaux régionaux dispensent des soins tertiaires. Ils sont présents dans les grandes agglomérations telles Tegucigalpa, la capitale, et San Pedro Sula, centre industriel principal du pays. On y retrouve des laboratoires complets et des départements de radiologie avec tomodensitométrie.

Dans les cliniques qui relèvent de l'Église, la seule planification familiale possible est celle qui implique les méthodes naturelles, la contraception n'étant toujours pas acceptéepar le Vatican. Cette situation représente une source de frustrations pour les travailleurs de la santé qui souhaitent offrir les meilleurs services possibles à leurs patients.

La qualité des soins dans le système privé dépasse sensiblement celle du système public. La rémunération des médecins y est aussi beaucoup plus avantageuse, ce qui pousse un grand nombre de ceux-ci à préférer ce genre de pratique, au détriment des ressources humaines disponibles dans le volet public.

6. Déroulement du stage

Dans les jours suivants notre arrivée à Tegucigalpa, ainsi qu'au milieu de notre séjour, nous avons eu droit à quelques jours de formation sur les maladies que nous étions les plus susceptibles de rencontrer : malaria, parasitoses intestinales, Chagas, Dengue, malnutrition. Plusieurs de ces notions étaient pour moi des rappels, d'autres m'étaient jusqu'alors inconnues. Elles nous ont été exposées d'abord par une femme médecin travaillant dans la capitale, la doctora Maria Margarita, ainsi que par l'équipe de médecins de l'hôpital de Coyoles, plantation fruitière de la Standard Fruit Company (Dole) que nous avons visitée.

Une partie de notre travail consistait à appuyer le travail d'un ONG de la capitale nommé Koïnonia. Son principal champ d'action est de gérer un ensemble de garderies dans les quartiers défavorisés. Cet organisme offre, à un tarif minime, la garde des enfants durant la majeure partie de la journée ainsi que des repas décents. Notre appui à Koïnonia a pris plusieurs formes. Nous avons fait une tournée de distribution de médicaments antiparasitaires (métronidazole, mébendazole, etc.) sous la supervision de la doctora Margarita. Nous avons fait un shampooing anti-poux à tous les enfants de ces mêmes garderies. Nous les avons pesé et mesuré puis nous avons reporté ces informations sur des courbes de croissance, similaires à celles utilisées ici, afin de déterminer lesquels accusaient un déficit de croissance. Nous devions, lorsque nous détections un tel cas, en aviser le médecin pour assurer un suivi. Nous avons donné à ces mêmes enfants des traitements dentaires au fluor, sous forme d'une gelée que nous appliquions sur les dents. Nous accompagnions la doctora Margarita lors de ses visites d'évaluation des différentes garderies. Nous avons fait de l'animation auprès de ces jeunes, sous forme de jeux, de chansons, etc.

Toujours au niveau de notre collaboration avec Koïnonia, nous avons aidé à la construction d'un bâtiment annexé à l'une des garderies et qui permet maintenant aux éducatrices de bénéficier de plus d'espace pour séparer les différents groupes d'âges lors des périodes de jeux. Cela permet de faire des jeux éducatifs de niveaux plus adaptés à chacun. Enfin, nous avons réorganisé la pharmacie centrale de l'organisme. Les médicaments qui s'y trouvent servent à soigner les enfants des garderies. Nous avons fait de l'ordre dans la pièce et classé les drogues par catégories, en incluant celles que nous avions apportées du Québec, la plupart étant des dons de Collaboration Santé Internationale. Cela permettra, nous l'espérons, de faciliter le travail du médecin, dans le meilleur intérêt des enfants.

Nous avons réalisé ces différentes activités généralement en équipes de deux, en rotation pour avoir la chance de toucher un peu à tout. Pour ma part, j'ai participé principalement à la fluorisation, la distribution d'antiparasitaires, les jeux, la construction de la nouvelle salle et le réaménagement de la pharmacie.

Une des choses dont j'ai pris conscience en travaillant pour et avec ces enfants est
l'importance que revêt à leurs yeux le fait qu'un étranger vienne s'intéresser à eux. Se faire un ami canadien était pour la plupart une grande source de joie et de confiance en eux. Ces
enfants ne profitent évidemment pas du dixième des opportunités dont nous disposons en tant que jeunes Québécois. Comme tout être humain, ils ont besoin de se sentir appréciés et nécessitent un coup de pouce pour réaliser qu'ils ont différents potentiels et pour les
développer.

Une autre partie de notre travail s'est fait dans des cliniques : CESAMO du quartier Los Pinos, clinique personnelle de la doctora Margarita, clinique de gynécologie. J'ai personnellement œuvré dans les deux premières. J'y ai fait différentes choses. D'abord, de la simple observation aux consultations médicales, que je comparerais à nos consultations en clinique externe. J'y faisait aussi la prise de signes vitaux des visiteurs. Enfin, j'ai participé aux tournées de la brigade de contrôle des vecteurs ailés. Les activités de cette équipe concernent principalement le dengue. Cette fièvre hémorragique, potentiellement mortelle, est transmise lorsque le virus en cause est inoculé par la piqûre d'un moustique de type Aèdes aegypti. La meilleure façon de combattre la maladie est de prévenir la prolifération du moustique-vecteur. Celui-ci dépose ses œufs dans les masses d'eau extérieures. L'action principale de l'équipe de prévention consistait donc à distribuer dans la population des sachets d'un minéral, Vabate, qui, déposé au fond des barils et des pilas, empêche la survie des larves du moustique. J'ai donc accompagné plusieurs travailleurs dans des randonnées pédestres où nous allions rencontrer les gens dans leur foyer pour leur distribuer les sachets et leur en expliquer la raison.

Beaucoup de gens coopéraient très bien à l'opération de prévention du dengue, d'autres se fichaient complètement de cet effort qui visait la santé publique bien plus que leur intérêt personnel. Là-dessus je dois dire que je comprends un peu cette attitude, venant de gens qui luttent au jour le jour pour leur survie. Dans un pays où la règle semble être celle du "chacun pour soi", ils préfèrent s'investir dans des efforts dont ils verront concrètement les résultats. Enfin, c'est via cette activité que j'ai eu l'occasion de rencontrer le plus grand nombre de gens dans leur quotidien. J'ai plusieurs fois eu un choc en voyant à quel point la majorité des habitants de ces quartiers vivent dans des conditions d'extrême pauvreté. Leurs résidences ne sont souvent qu'amas de planches et de tôles trouées et leurs possessions se limitent à quelques déchets.

J'ai eu la chance d'assister à encore quelques activités communautaires, dont une présentation d'un médecin à la population d'un village sur les maladies parasitaires pila : réservoir d'eau en ciment servant à laver les vêtements, la vaisselle, voire les enfants intestinales, leur mode de transmission et les méthodes préventives. Également, j'ai été témoin d'une reunion, au même village, concernant le système de distribution d'eau potable qui était désuet et qui nécessitait des travaux de réparation.

Les quelques jours que j'ai passés à la Casa Sulema ont été assez particuliers. Cette maison accueille des femmes et enfants séropositifs. La connaissance qu'a le peuple hondurien du VIH et du SIDA n'est d'aucune façon concomparable à la nôtre. Les gens ne savent pas ce qu'est la maladie, comment elle se transmet ni comment la prévenir. Ils savent par contre qu'elle est mortelle et qu'elle est transmissible. Les sidéens sont donc victimes d'un rejet total de la part de la société, même de leurs proches qui en ont une peur terrible. Le père Ramon, un religieux espagnol au cœur très généreux, gère une maison qui accueille une demi-douzaine de femmes et quelques enfants. Pour ces femmes avec qui j'ai passé un court moment, une oreille attentive semblait être un cadeau extraordinaire. J'en ai vu quelques-unes pleurer devant moi. Une d'entre elles m'exprimait sa colère face à son gouvernement qui refuse de leur payer les médicaments disponibles. Les enfants, orphelins, étaient aussi très attachants. On peut à peine imaginer par quelles épreuves ils sont passés. Ce qui m'a le plus surpris, c'est l'attitude du personnel de l'endroit qui, ne faisant pas exception à la règle, marginalisait les patients par son incompréhension de la maladie. En particulier, ils insistaient pour que les patients aient leur propre vaisselle, laquelle était ensuite lavée à part. J'en étais révolté, mais j'ai cru qu'il ne me revenait pas de changer leurs habitudes étant donné que je n'y passais que quelques jours.

Lors d'un passage dans le nord du pays, nous avons visité une plantation de la Standard Fruit Company, une multinationale fruitière américaine connue aussi sous l'appellation Dole. La banane représente la majeure partie de la production, laquelle prend une ampleur phénoménale. Un village complet, Coyoles, a été construit par la compagnie pour héberger les travailleurs et leurs familles. Un hôpital, également propriété de la compagnie, dispense des soins à ces mêmes employés. Les médecins qui y travaillent nous ont accueillis de façon très chaleureuse. La région étant l'un des plus importants réservoirs de malaria en Amérique, ils nous ont exposé en articulier la situation concernant cettemaladie et leurs plans de prévention. Nous avons ensuite fait une visite de l'hôpital et d'une section de la plantation. Les explications spontanées des contremaîtres pour nous convaincre du bon traitement des employés sonnaient faux et n'ont berné aucun d'entre nous. Les histoires d'horreur sur le quasi esclavage dont ils sont victimes étaient fraîches à notre esprit, et le discours des employés cadres ressemblait à une justification. Nous avons appris, par l'intermédiaire des médecins, que les travailleurs devaient faire des journées de plus de douze heures, souvent sous des températures de 40°C, avec à peu près aucune pause.

Pour compléter ce tableau, quelques-uns de mes camarades ont également travaillé dans une clinique de gynécologie, gérée par un couple de médecins espagnols, ainsi que dans un organisme de soutien aux enfants de la rue. Celui-ci, nommé Agape, accueille les jeunes durant le jour, leur fournit certains services et leur suggère différentes activités, dont du travail rémunéré, dans le but de leur redonner confiance en eux.

7. Réalisation des objectifs

o En rapport avec la culture hondurienne :

À ce niveau, je peux affirmer sans hésiter que je suis très satisfait de mon expérience.
J'ai appris beaucoup sur la culture hondurienne, sur la mentalité de ce peuple. Si j'ai vécu
un choc culturel, c'est probablement en voyant de mes propres yeux l'état de misère dans
lequel vivent ces gens. J'étais conscient de l'extrême pauvreté que je rencontrerais, mais il
me semble qu'on ne peut réellement réaliser l'impact de cette situation sur la vie d'une famille qu'en mettant les pieds dans l'abri de fortune lui servant de maison ou en voyant qu'elle eau ses membres sont résignés à boire faute de mieux.

Une autre chose que j'ai trouvée difficile fat l'accueil des gens de la ville. J'atterrissais en Amérique centrale avec comme attente la rencontre d'un peuple chaud, ouvert et accueillant. Ce fat effectivement le cas lorsque j'ai visité des familles de la campagne. Par contre, le choc fat intense en ville. Nous étions considérés comme des Américains par la plupart des gens que nous croisions. Nous avions ainsi droit à la peu chaleureuse appellation gringos. En fait, non seulement peu de citadins étaient réellement intéressés à nous connaître, mais peu me semblaient enclins à s'ouvrir à leurs semblables. Ce qui me fait dire que les Honduriens, principalement ceux de la ville, sont plutôt refermés sur eux-mêmes et froids si on les compare aux autres latino-américains. Un contexte historique de résignation à l'occupation étrangère, surtout américaine, et d'absence de prise en main collective est à mon avis responsable d'un manque flagrant de fierté patriotique et sociale, ce qui se traduit par l'absence du désir de se montrer en face du monde.

Enfin, j'ai amélioré de beaucoup ma connaissance de l'espagnol en vivant ainsi deux mois dans cette merveilleuse langue. À mon retour, j'étais plus à l'aise à converser en espagnol qu'en anglais, ce que je n'aurais jamais imaginé quelques semaines auparavant.

o En rapport avec le domaine médical :

Mes objectifs à ce niveau étaient très larges, peu spécifiques. J'ai voulu avant tout aller dans ce pays pour découvrir une autre réalité. J'ai volontairement évité de me donner des objectifs très précis, très poussés, car je me doutais bien que les choses pouvaient se passer tout autrement que je l'aurais prévu. Cela dit, à la lecture des pages précédentes, on peut voir que les activités auxquelles j'ai participé qui touchaient le domaine de la santé furent nombreuses. Un plus grand nombre concernait des actions en santé communautaire, sociale, préventive, qu'en médecine "pure" ou hospitalière, mais c'était encore une fois l'orientation que je voulais donner à cette expérience.

J'ai donc pu réaliser dans quelles conditions sanitaires vivent les Honduriens. J'ai vu à quels genres de soins ils ont accès et je dois dire que je serais frustré d'avoir à me contenter de ce qu'ils ont. Bien sûr, la plupart des Honduriens n'ont jamais rien connu d'autre que leur propre réalité et ignorent à quoi ressemblent le quotidien d'un habitant du monde occidental et son accès aux soins de santé. Les problèmes de sous-financement du réseau public de santé hondurien sont d'autant plus fâchants qu'ils découlent en grande partie de la tendance générale des derniers gouvernements à la corruption tous azimuts. Il en resuite des milliers de morts inutiles chaque année ainsi qu'une morbidité et une souffrance difficiles à accepter.

Cette variété des activités médicales auxquelles j'ai pris part a eu des avantages comme des inconvénients. Au plan positif, je retiens le large spectre de realités que j'ai pu ainsi découvrir et auxquelles je me suis sensibilisé. Par contre, le fait de participer à plusieurs projets avec un temps plutôt limité pour chacun n'aura peut-être pas permis d'être aussi efficace dans chacun d'eux.

Concernant les différences entre les maladies les plus rencontrées ici par rapport à là-bas, j'ai pu me rendre compte de l'impact de la question de l'hygiène sur la santé d'une population. Prenons comme exemple les parasitoses intestinales. Les enfants honduriens 1sont à peu près tous, à un moment ou à un autre, infectés par des vers intestinaux, par exemples des ascaris. Une fois traités par des antiparasitaires, ils se ré-inoculent souvent très rapidement. Entre autres raisons, les enfants n'utilisent pas toujours les latrines pour faire leurs besoins, malgré l'enseignement qui se fait en ce sens par les intervenants de la santé. Ils le font plutôt dans un coin de la cour, dans un terrain vague ou un peu n'importe où. Ensuite, ils jouent dans la terre et se contaminent par les œufs des parasites, la transmission de ces germes se faisant par voie fécale-orale.

* Établir des contacts avec des jeunes de la rue afin de leur offrir un soutien amical
et de me laisser toucher par leur réalité quotidienne.

En ce qui concerne les jeunes de la rue, j'ai eu moins de contacts avec eux que je l'avais d'abord espéré. J'en ai rencontré quelques-uns lors d'activités où ils étaient impliqués avec le centre Agape. J'en ai bien sûr vu beaucoup directement dans la rue, dont certains qui inhalaient de la colle. Il m'aurait été difficile d'approcher ceux de mon âge dans un contexte autre que celui des activités d"Agape. En effet, en tant que gringo dans un monde de gangs de rue où les valeurs d'honneur et de mépris des Américains prennent une grande place, ma sécurité physique aurait pu être menacée.Bien sûr, ce ne sont pas tous les jeunes de la rue qui sont violents et délinquants, mais je n'aurais pas osé en juger pas moi seul.

Cela dit, par les quelques contacts que j'ai eus avec eux ainsi que par mes discussions avec certains intervenants locaux, j'ai compris qu'il n'y avait presque jamais de raison légère à leur présence dans la rue. Battus par leur père, violés, abandonnés, ils ont connu beaucoup plus de souffrances que de jours heureux. Une fois dans la rue, ils sont méprisés par tous, harcelés, battus, volés, violés, voire assassinés, par la police, par des membres de gangs rivaux. Que puis-je leur envier ? Peut-être cette force de garder, malgré tous leurs malheurs, certains rêves et de l'espoir.

8. Autres réflexions

Plusieurs autres découvertes ont laissé en moi une empreinte. Je vous en présente
quelques-unes, sans ordre précis.

Dans l'hypocrisie de notre mentalité matérialiste, nous refusons de voir la pauvreté et nous rejetons ce qui est vieux, laid, ce qui rappelle la misère, pour ne voir que le beau, l'agréable. Là-bas pourtant, la pauvreté est tellement omniprésente qu'elle entraîne des situations qu'ici nous rendraient inconfortables. En effet, j'ai vu dans certains quartiers un contraste étonnant : les rues des quartiers riches, où l'on retrouve de superbes et grandes maisons, sont à plusieurs endroits accolées à des terrains où gisent des abris de fortune en pièces, habités par des gens ne portant que des lambeaux de vêtements. Souvent, des clôtures avec barbelés séparent ces deux réalités, pourtant voisines. Ce tableau illustre bien le fait que dans les pays en développement, le fossé entre les classes aisée et populaire se creuse sans cesse et la classe moyenne tend à disparaître. Et pourtant, les riches ne peuventfaire disparaître les pauvres. Ils se doivent de cohabiter.

Le machisme de la société hondurienne est une chose qui m'a beaucoup choqué. Les femmes n'ont pour la plupart aucune estime personnelle. Elles sont victimes de toutes sortes d'abus de la part des hommes et encore très peu d'opportunités professionnelles s'offrent à elles. Un exemple qui m'a dégoûté fat de voir les hommes siffler systématiquement toutes les jeunes femmes qu'ils croisaient. Bien sûr, ça ne doit pas être le pire souci de ces femmes, mais je considère ça quand même inacceptable. Par contre, je comprends comment ce comportement, comme tous les autres du même ordre, est appris ^par les garçons en voyant agir leur père, leurs grands frères et leurs oncles, et donc la difficulté que peut avoir ce peuple à se débarrasser de ces coutumes barbares.

Un facteur qui nuit à la santé des familles et à la transmission des messages importants sur la prévention des maladies est le fait que les hommes ne s'impliquent pas dans les questions de santé. C'est la mère de famille qui en détient la responsabilité. Intéresser les hommes au bien-être de leurs enfants est un enjeu important qui a été identifié depuis un certain temps déjà par les organismes de coopération internationale œuvrant dans le domaine de la santé. Ce n'est par contre pas chose facile. Une façon concrète qui peut réussir est de rencontrer les pères de familles en groupe, dans leur milieu de travail, pour leur faire des capsules d'enseignement. L'intervenant doit être aussi un homme pour être suffisamment pris au sérieux.

Toujours au sujet de la coopération internationale, un point qui m'a marqué est le constat que j'ai dû faire, et que doit nécessairement faire toute personne qui va à l'étranger avec un PfûJet d'entraide, que l'on ne peut pas sauver le monde. Nos objectifs doivent être modestes et réalistes. Il est impensable de changer les habitudes et la mentalité d'un peuple pièces, habités par des gens ne portant que des lambeaux de vêtements. Souvent, des clôtures avec barbelés séparent ces deux réalités, pourtant voisines. Ce tableau illustre bien le fait que dans les pays en développement, le fossé entre les classes aisée et populaire se creuse sans cesse et la classe moyenne tend à disparaître. Et pourtant, les riches ne peuventfaire disparaître les pauvres. Ils se doivent de cohabiter.

Toujours au sujet de la coopération internationale, un point qui m'a marqué est le constat que j'ai dû faire, et que doit nécessairement faire toute personne qui va à l'étranger avec un projet d'entraide, que l'on ne peut pas sauver le monde. Nos objectifs doivent être modestes et réalistes. Il est impensable de changer les habitudes et la mentalité d'un peuple en peu de temps. Il faut prendre le rythme du pays et de ses habitants. Et Dieu sait que le rythme hondurien est lent ! Le cliché sur la nonchalance des latinos est à mes yeux assez justifié. Le peuple hondurien vit selon un rythme que je qualifie, selon nos normes occidentales, de désorganisation et d'inefficacité constantes et totales. Et pourtant, ce peuple survit. Mais s'épanouit-il ? Peu selon ce que j'ai vu. Mais encore une fois. on ne peut bousculer un peuple. Le désir de changer doit venir de lui-même, et pour cela il faut lui laisser le temps. Cela dit, on doit toujours garder à l'esprit qu'imposer nos valeurs et nos croyances n'est jamais la bonne solution. En tant que ressource aidante pour les peuples en développement, c'est nous qui devons nous adapter à eux, et non l'inverse. Il est primordial d'essayer de comprendre les valeurs d'un peuple plutôt que de les dénigrer.

Certains comportements, malgré des différences culturelles, semblent assez universels. Ainsi en est-il de l'attitude de beaucoup de gens et de leurs attentes envers la médecine. J'ai donc reconnu chez beaucoup d'Honduriens la tendance que je vois souvent ici : on consulte un médecin en espérant un remède miracle qui peut soigner tous les maux. Sans même avoir le moindre problème, on se laisse berner par des charlatans qui proposent des produits miracle. Des médecins m'expliquaient que les gens qui ressortent de leur cabinet sans une prescription médicamenteuse ont la conviction d'avoir été mal soignés. Cela découle d'un manque d'informations, parfois de désinformation.

Enfin, j'aimerais mentionner certains des contacts les plus enrichissants que j'ai établis durant mon séjour dans ce pays. D'abord, les gens de Koïnonia qui se dédient corps et âmes au bien-être des enfants qu'ils parrainent. Les éducatrices de ces mêmes garderies, pour leur dévouement également. Les enfants, dont l'innocence et la gaieté sont reconfortantes et stimulantes. La doctora Margarita qui s'efforce chaque jour d'utiliser ses connaissances pour le bien de ses semblables. Les médecins de l'hôpital de la compagnie Dote qui nous ont accueillis comme des rois. Certains jeunes gens de mon âge que j'ai eu la chance de rencontrer et qui tentent, par une lutte quotidienne et sans relâche, de redresser leur pays. Lepadre Ramon, de la Casa Sulema, dont les efforts permettent à des malades de retrouver leur dignité. Enfin, à tous les gens de Mer et Monde : le père Michel Corbeil et son équipe à Montréal, Martin et Sally à Tegucigalpa et les autres volontaires avec qui nous avons partagé notre quotidien hondurien, pour leur appui, leurs bons conseils et leur amitié. À tous ces gens et à plusieurs autres que j'ai rencontrés là-bas, je lève mon chapeau à leur détermination et leur courage et je les remercie sincèrement pour leur chaleureux accueil.

9. Suggestions pour futurs stages

Pour terminer, je laisserais quelques conseils à ceux qui auraient l'idée de reprendre le flambeau et de faire un stage dans un contexte comparable au nôtre.

Notre séjour au Honduras a été de sept semaines. Je juge cette durée tout juste assez longue pour permettre de réaliser certains objectifs raisonnables. Il faut comprendre que plusieurs semaines sont nécessaires pour s'adapter au nouveau milieu, à une nouvelle culture et à tout ce que cela implique. Pour ma part, je me suis senti à ma place à Tegucigalpa après un mois. À ce moment seulement je me sentais à l'aise avec la langue, les différentes ressources de la ville, le fonctionnement des autobus, les habitudes alimentaires, la structure du marché aux fruits et légumes, etc. Je conseille donc d'envisager un séjour d'une dizaine de semaines ou plus afin de pouvoir en profiter pleinement.

Concernant la préparation à l'espagnol (ou à toute autre langue étrangère), je ne pourrais jamais insister assez sur son importance. J'avais pour ma part suivi trois cours à l'Université Laval, les niveaux I, II et III d'espagnol, ce qui faisait de moi l'un des plus habiles de mon groupe. J'aurais par contre aimé être encore plus à l'aise dans cette langue. En effet, la maîtrise de la langue du pays fait absolument toute la différence entre une adaptation réussie et une autre plus difficile. La communication est à la base de toute compréhension mutuelle.

Mer et Monde propose à ses volontaires de vivre dans une famille d'accueil. C'est effectivement l'une des façons les plus efficaces et les plus intéressantes de s'intégrer rapidement à une autre culture. Par contre il faut savoir à quoi s'attendre. Le Honduras est un pays pauvre et, à moins de vivre dans une des rares familles aisées, on doit se préparer à côtoyer la misère. J'ai pour ma part vécu beaucoup moins longtemps que prévu dans des familles honduriennes et je dois avouer, après avoir vu les endroits où j'aurais pu rester, que je ne me serais pas senti en confiance dans ces derniers. Un simple abri sans eau, sans électricité, sans lit, avec un sol de terre qui devient boueux lors des pluies... J'aurais pu en venir à douter de ma sécurité physique. À ce sujet, nous avons discuter avec Martin Couture, responsable de Mer et Monde au Honduras, et il s'est avéré très réceptif à nos opinions et nous a dit considérer rechercher des familles légèrement plus aisées pour les prochains volontaires.
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Bien sûr, un conseil qui va de soi mais qui vaut la peine d'être répété est de s'associer à un organisme-partenaire sérieux et compétent. Un voyage dans un pays étranger peut très aisément se révéler un échec total si on y est mal préparé. Dans notre cas, les différents intervenants de Mer et Monde se sont avérés des ressources extraordinaires de renseignements, de conseils, de pistes de réflexions, d'appui logistique sur place et de soutien moral. Je les en remercie encore.

Le mot de la finVoilà donc qui donne un pareçu relativement complet de ce que fut mon expérience de stage au Honduras. De ce voyage j'ai retiré beaucoup de choses positives. J'ai d'abord appris beaucoup sur moi-même, sur mes forces et faiblesses,sur mes capacités à agir dans différentes sitiations. J'ai fait des choses que je ne me serais jamais cru capable de faire. J'ai rencontré des gens passionnants. J'ai vu des coins de pays superbes. De tout cela, je garde des souvenirs formidables, et ce document en sera sans doute un recueil apprécié. Bien entendu, je conseille à tous ceux que l'idée d'un tel projet intéresse de se lancer à fond sans l'aventure.

¡ Gracias !
 

Pila: Réservoir d'eau en ciment servant à laver les vëtements, la vaisselle, voire, les enfants.