Le vrai sens de la Teranga

Par Delphine Van den Bossche, stagiaire du Programme de stages internationaux pour les jeunes 

Cela fait déjà plusieurs mois depuis que j’ai atterri dans le pays de la Teranga, un mot si souvent utilisé par les locaux et les étrangers pour décrire le Sénégal. La Teranga avec un grand « T » rien de moins, qui signifie le sens de l’hospitalité. Il n’est pas peu dire que les Sénégalais savent recevoir. Ils vous accueilleront à bras ouverts dans leur chez-soi après un simple bonjour, ils vous donneront à boire et manger jusqu’à ce que votre estomac explose en vous répétant de « bien manger » et ils seront prêts à tout vous offrir malgré parfois le peu qu’ils ont.

Par contre, l’hospitalité sénégalaise est tout autre que celle le l’on connait au Québec et je commence tout juste à comprendre ses nombreux mystères. Depuis que j’ai mis les pieds dans le petit village de Keur Ndioukoune en banlieue de la ville de Thiès, je ne cesse de découvrir de nouvelles choses. Ce que les gens ne vous disent pas et qui reste important à savoir est que vous êtes toujours les bienvenus, mais personne ne vous fera d’invitation formelle. Dès lors, il faut mettre la gêne de côté et entrer chez les gens à l’improviste pour se faire connaître, car sinon on vous reprochera de ne pas rendre visite assez souvent.

Il n’est toujours pas naturel pour moi d’entrer chez les gens sans me poser mille et une questions :

« Suis-je venue au bon moment? »

« Est-ce que je dérange? »

« Vont-ils penser que je veux quelque chose? », etc.

Il y a une expression anglaise qui dit : « don’t overstay your welcome », qui signifie qu’il ne faut pas prolonger sa bienvenue. Au Québec, on a tendance à observer les signes et à décoder lorsqu’il est temps de quitter la demeure de notre hôte, « on ne veut pas déranger » comme on le dit. Et bien au Sénégal, tout ça n’est pas valable, surtout en village. Malgré les incompréhensions et les conversations en Sérère qui semblent si agitées que l’on croirait des disputes enflammées, la maison de l’un est la maison de l’autre et cela est valable pour tous, même pour la toubab du village (toubab signifie « blanc » en Wolof).

Le sens de la communauté est si important que si l’on refuse une proposition de nourriture ou de boisson, on peut paraître impoli, croyez-moi « mi kapin » ne suffit pas (mi kapin signifie « je n’ai plus faim » en Sérère). Dès que vous entrez dans le pas de la porte, on vous fait une place et on vous demande de vous asseoir. Lorsque vous vous levez, on vous dit impérativement, mais amicalement « assois-toi ». Tout cela me confronte quotidiennement à mes propres barèmes culturels, lesquels je n’ai toujours pas réussi à mettre de côté, mais petit à petit j’apprends à lâcher prise. Voici un nouveau défi qui semble si simple, mais qui m’est difficile : arrêter de penser que je vais déranger. Au contraire, les Sénégalais aiment les dérangements, les conversations chaotiques et les maisons remplies de visiteurs, voici ce qu’est le « vrai » sens de la Teranga.

Delphine Van den Bossche

 

Pour en savoir plus sur le Programme de stages internationaux pour les jeunes, financé par Affaires mondiales Canada, consultez le lien suivant.


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