Le microcrédit au service des femmes de Touly

Dans le cadre du Programme des stages internationaux pour les jeunes (PSIJ), Eddy Michel Yao a effectué un stage en suivi et évaluation d’un projet de microcrédit initié par des femmes du village de Touly, au Sénégal. À travers cet article, il nous présente ce projet auquel il a participé avec le Groupement de Recherches et d’Appui aux Initiatives Mutualistes (GRAIM). Le GRAIM est un organisme sénégalais à but non lucratif qui mène différentes activités en santé, en éducation et en environnement.  

La situation des femmes au Sénégal

Au Sénégal, les rôles genrés exacerbent plusieurs différences entre les hommes et les femmes. Cela est particulièrement visible et identifiable en milieu rural. En général, les charges domestiques sont attribuées aux femmes tandis que les hommes contrôlent l’accès aux ressources. La femme joue un rôle essentiel et l’organisation familiale repose sur elle. Les femmes de Touly ont des conditions de vie particulièrement difficiles. Elles font les travaux dans les champs, les corvées d’eau et autres tâches pour répondre aux divers besoins de la famille. En dehors des tâches familiales, elles s’activent principalement dans l’entrepreneuriat pour subvenir à leurs besoins. Cependant, compte tenu de leurs moyens limités, les revenus tirés de ces activités sont très faibles.

Une initiative provenant des femmes 

Le village de Touly à Thiès, s’est penché sur les conditions des femmes ainsi qu’aux défis auxquels elles sont confrontées, desquels découlent la problématique persistante et constante de la féminisation de la pauvreté. Pour remédier à cette problématique, un projet de microcrédit orienté vers l’autonomisation appuie les activités génératrices de certaines femmes du village. Dans ce village enclavé où on compte environ 400 ménages, les femmes de Touly se sont mobilisées pour créer un groupement de promotion féminine (GPF). Le groupement des femmes de Touly est une organisation qui regroupe 200 membres principalement actives dans l’entrepreneuriat. Elles ont sollicité et obtenu de LoWaZoNe, un regroupement de communes belges, un appui d’environ 1200 $ CAD pour le financement de leurs activités génératrices de revenus.

Leur projet de microcrédit repose sur un système de crédit revolving pour insuffler un dynamisme à leurs activités économiques. Le crédit revolving est un type de crédit à la consommation qui met de manière permanente à la disposition des femmes, une somme d’argent avec laquelle elles peuvent financer les achats de leurs choix. À chaque remboursement, leurs capacités d’emprunt est régénérée à concurrence du montant emprunté plus des intérêts de 10%. Partant du principe que seul l’appui financier pouvait permettre de lancer leurs activités économiques, l’option du microcrédit est la plus adaptée pour améliorer les conditions de vies de ces femmes. En effet, le microcrédit mis en place par le GRAIM est caractérisé par de faibles taux d’intérêt et destiné aux populations exclues des circuits classiques d’emprunts. Ainsi, en ayant accès au crédit elles peuvent développer des activités génératrices de revenus et devenir autonomes.

Des perspectives prometteuses 

Très reconnaissantes du soutien du GRAIM et de l’appui de LoWaZoNe, les femmes ont manifesté de l’intérêt envers plusieurs projets communs qu’elles géreraient. Avec un taux de recouvrement de plus de 97%, elles désirent mettre en place un marché collectif ainsi qu’un projet de poulailler collectif. Ainsi, une fois que toutes les femmes désirant intégrer le programme de microprêts le seront, les intérêts tirés des activités de prêts pourront être réinvestis dans ces projets. Il s’agit donc d’un projet à suivre de près et qui pourrait servir d’exemple dans plusieurs autres villages de la région de Thiès. 


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