La lutte pour améliorer l’accès à l’eau potable

Un texte de Rachel Vincent, Directrice au Nicaragua

Alors que les premières pluies se font encore attendre dans le département de Carazo après cinq mois de saison sèche, un consortium d'organisations a organisé un grand forum sur le thème de l'eau le 27 avril dernier. Parmi ces dernières, on compte la Fondation San Lucas et l'Association Tierra y Vida, deux fidèles partenaires de Mer et Monde au sein desquelles deux étudiantes du programme de gestion du développement international et de l’action humanitaire de l'Université Laval effectuent présentement leur stage de maîtrise. Elles furent d'ailleurs amenées à participer à l'organisation et à la logistique de l'événement.

L'importance d'un forum sur l'eau pour Carazo

Carazo est un département situé au sud-ouest de Managua et longe le Pacifique sur 40km. La partie est consiste en un plateau situé en moyenne à 800m d'altitude. Traditionnellement, on y cultive du café, de la canne à sucre et des arbres fruitiers, entre autres des agrumes. Jusqu'à tout récemment, Carazo n'était pas considéré comme faisant partie de ce qu'on dénomme au Nicaragua « le couloir de la sécheresse ». En effet, toutes ces cultures sont exigeantes en eau et requièrent un taux d'humidité assez élevé, ce dont le département jouissait jusqu'à maintenant. Toutefois, depuis les 15 dernières années, le climat fait des siennes, au point où en juin 2014, on a officiellement décrété l'agrandissement du couloir de la sécheresse qui inclut désormais plusieurs communautés de Carazo. Qu'est-ce qui caractérise ces communautés? Déforestation, assèchement pratiquement permanent des cours d'eau, pluies rares et violentes qui provoquent l'érosion des sols et des glissements de terrain ainsi qu’une augmentation notable de la température.

Face à cette réalité, il est de plus en plus difficile pour les familles productrices de maintenir leurs cultures. Elles se trouvent devant un dilemme : abandonner l'agriculture pour chercher un emploi dans les zones franches des environs ou bien adapter leurs pratiques. Mais une chose est sûre : peu importe leur choix, elles continuent d’avoir besoin d'eau pour leur usage domestique. Actuellement, la plupart des communautés de Carazo ont accès à l'eau courante un jour sur huit, les puits étant rationnés et devant fournir l'eau à de nombreuses communautés.

Une multiplicité d'acteurs à la même table

C'est dans ce contexte que s'articule le forum sur l'eau. Les solutions proposées à ce grave problème se doivent d'être multiples. Elles doivent adresser la problématique tant à court terme qu'à long terme. C'est pourquoi toutes sortes d'acteurs communautaires, institutionnels ou gouvernementaux ont été réunis en plus des nombreuses familles paysannes de la région. Le gouvernement a présenté son plan de gestion de l'eau par bassin versant, des médecins sont venus parler des impacts sur la santé et des mesures de prévention, des ONG sont venues présenter différentes technologies en termes d'infrastructures adéquates pour le stockage de l'eau et son utilisation rationnelle alors que les familles paysannes venaient partager leurs stratégies pour économiser l'eau dans leur quotidien.

Chacune à leur façon, la Fondation San Lucas et l'Association Tierra y Vida jouent un rôle clé dans le département en matière de gestion de l'eau en promouvant des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement et en appuyant la démarche des CAPS, des comités d'action locale composés par des leaders communautaires qui travaillent à améliorer l'accès à l'eau potable pour leurs communautés. Mer et Monde a d'ailleurs appuyé un projet d’agriculture écologique en 2016 à travers un projet Québec sans frontières à Santa Gertrudis, une communauté de la municipalité de Santa Teresa, au cours duquel a été installé un système de collecte des eaux de pluie et de filtration des eaux usées domestiques, entre autres activités.

On apprenait lors de ce forum que le Nicaragua occupait le 4e rang parmi les pays les plus touchés par les changements climatiques selon l’Indice mondial des risques climatiques de l’organisation Germanwatch. Devant l'urgence de la situation, plus que jamais, il est temps d'agir et ce n'est qu'à travers une action concertée qu'il sera possible de concevoir un plan d'action global qui rétablira pour les familles paysannes ce droit fondamental qu'est l'accès à une eau potable de qualité.

 

Photo:  Yoni, producteur agroécologie de Tierra y Vida, présente un système mixte de collecte d'eau de pluie et de pisciculture

Sources :


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