Groupes au Costa Rica et nouvelles de l'équipe terrain

Par Rachel Vincent, co-directrice terrain au Nicaragua

Il est difficile pour moi de trouver les mots pour exprimer le désarroi et la tristesse qu'éprouve actuellement l'équipe de Mer et Monde, en particulier l'équipe terrain, face aux récents événements au Nicaragua. Je suis certaine que je parle au nom de tou(te)s mes collègues, antérieur(e)s et actuel(le)s, nicaraguayen(ne)s ou d'une autre nationalité pour vous dire à quel point nous sommes attaché(e)s à ce pays où ses habitant(e)s au grand coeur nous ont ouvert les portes de leurs maisons, de leurs organisations et de leurs rêves pour le futur Nicaragua, afin que nous puissions partager leur quotidien et contribuer à la réalisation de toutes sortes de projets visant l'amélioration des conditions de vie de la population.

Au cours des cinq dernières années, Mer et Monde a reçu plus de 500 stagiaires dans le département de Carazo qui ont collaboré avec plus d'une trentaine d'organisations locales et de communautés dans les secteurs de l'agriculture, du développement local, de la santé, de l'éducation et du renforcement institutionnel de nos partenaires. La saison 2018-2019 avait commencé sous le signe de la croissance, nous attendions en effet un nombre grandissant de stagiaires, dont la première cohorte du Programme de stages internationaux pour les jeunes (PSIJ), et c'est avec enthousiasme que l'équipe terrain s'était préparée à les recevoir. Cependant, face aux nouvelles toujours plus alarmantes, nous nous sommes vus dans l'obligation de suspendre les stages au Nicaragua pour l’été et d'évacuer la stagiaire présente sur le terrain. Pour offrir une alternative à nos stagiaires, Mer et Monde a décidé de relocaliser les stages à venir au Sénégal et au Costa Rica, le pays voisin.

C'est ainsi que le groupe du Collège Jean-de-Brébeuf réalise présentement son stage dans la petite ville de Hojancha, située dans la province de Guanacaste. Tout cela n'aurait pas été possible sans l'énorme effort d'Emel Rodriguez, de la Reserva El Toledo et de Lubica Bogantes, du Corredor Ecológico Hojancha Nandayure, qui nous ont offert leur appui et leur solidarité dans ces moments difficiles. En plus de partager avec leurs familles d'accueil, les jeunes stagiaires apportent leur soutien à différents projets communautaires: potagers scolaires dans trois écoles des communautés environnantes, potager dans un centre communautaire pour personnes âgées, reforestation dans la Reserva El Toledo et cours d'anglais pour des groupes de jeunes, tout cela en étant accompagné d'un membre de l'équipe terrain.

D'autre part, le projet Québec sans frontières Viviendo mi sexualidad saludable a été relocalisé dans la province de San José, dans la communauté de Longo Mai. Il a été possible de garder l'esprit du projet initial qui devait travailler le thème de la santé sexuelle reproductive auprès des adolescent(e)s. La problématique est également présente à Longo Mai et comporte ses défis particuliers: l'industrie de la culture de l'ananas a d'importants impacts sur la santé sexuelle de ses ouvrier(ère)s, la santé maternelle et sur les fœtus. De plus, comme le village vit en partie du tourisme, il est aussi confronté à ses impacts négatifs, dont certaines pratiques sexuelles des touristes, qui ne sont pas toujours conscient(e)s des conséquences de leurs actes. Ce projet est réalisé en collaboration avec la Comisión Defensora de los Ríos Convento y Sonador, une association paysanne de défense du territoire et le Patronato nacional de la Infancia, une organisation gouvernementale de défense de droits des enfants et des jeunes. Nous n'oublions pas non plus notre partenaire nicaraguayen, la Fondation San Lucas, qui continuera à appuyer le projet à distance et avec lequel nous partagerons du matériel de formation et les résultats du projet. Ces derniers devraient d'ailleurs bénéficier du volet réciprocité du projet QSF, qui permettra à une personne de venir au Québec comme prévu.

Les membres de l'équipe terrain partagent ainsi leur temps entre le Costa Rica et Jinotepe, toutes et tous se trouvent en sécurité. Nous avons communiqué avec tous nos partenaires afin de leur réitérer notre appui et nos encouragements dans ce contexte difficile. Quelques-uns ont dû interrompre leurs activités, d'autres les poursuivent en adoptant des mesures de sécurité supplémentaires. Mais il est sans dire que nous sommes constamment en contact avec eux et que du fond de notre cœur, nous n'espérons qu'une chose : que paix et justice soient faites dans ce beau pays de lacs et de volcans qu'est le Nicaragua.