Des JQSI sous le signe de la culture

Lors de la dernière édition des Journées québécoises de la solidarité internationale (JQSI), en novembre dernier, Mer et Monde a réalisé des animations auprès d’élèves du secondaire et organisé un atelier sur la bande-dessinée. Le lien? Réfléchir à comment la culture influence notre vision du monde.

Animations jeunesse

Cette année, la tournée de 21 classes a permis de rencontrer 562 élèves du secondaire et d’entamer une réflexion avec eux-elles sur le rôle que joue la culture (en particulier le cinéma) dans leur compréhension du monde. Plusieurs thèmes ont été abordés comme l’hégémonie culturelle, la représentation de personnes racisées dans les films, le complexe du sauveur blanc et les liens de pouvoirs entre les pays du « Nord » et du « Sud ». Des rencontres inspirantes et des discussions enflammées ont eu lieu dans les classes!

La BD dans tous ces états!

Le 12 novembre, Mer et Monde était à la Grande Bibliothèque de Montréal pour animer un atelier sur la bande-dessinée. À travers des extraits choisis, les personnes présentes ont pu prendre conscience d’enjeux sociopolitiques et porter un regard différent sur ce 9e art.

Avec « Yékini, le roi des arènes », une BD présentant la vie d’un champion de lutte traditionnelle sénégalaise, les auteur(e)s abordent le thème de l’exploitation des ressources naturelles du Sénégal par des entreprises étrangères. On y aborde la surpêche dans les eaux territoriale du pays qui profite aux compagnies européennes, russes et chinoises au détriment des pêcheurs sénégalais. Conséquence directe du Programme d’ajustement structurel du Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, ces accords de pêche imposés au Sénégal dans les années 90 contribuent à l’appauvrissement de la population, comme la pêche est l’un des piliers de l’économie locale et fait vivre de nombreuses familles.

Dans le roman graphique « Gorazde » du journaliste Joe Sacco, on présente le quotidien des habitants de la ville de Gorazde, une enclave musulmane dans un territoire serbe, en pleine guerre de Bosnie-Herzégovine. L’extrait présenté permettait de faire la lumière sur quelques conséquences humaines des guerres : violences, personnes déplacées ou réfugiées, choc post-traumatique, familles décimées, impunité des criminels, etc.

En troisième temps, les participant(e)s ont pu analyser un extrait d’une BD très connue : « Tintin au Congo ». Écrite par Hergé en 1931, l’œuvre a été maintes fois pointée du doigt pour ces propos raciste. Image de son temps, elle représente les préjugés et stéréotypes d’une Belgique envers ses colonies d’Afrique. Aujourd’hui, peut-on affirmer que les préjugés véhiculés dans ce livre ont tous disparu? Malheureusement non. Des idées reçues sur les pays dits « du Sud » continuent d’affluer, qu’on pense simplement à la notion « d’aller aider », reliée au complexe du sauveur blanc présent dans notre société.

Les bandes dessinées, comme d’autres œuvres culturelles, influencent notre vision du monde et notre compréhension des enjeux locaux ou internationaux, par les propos qu’elles tiennent, la manière dont sont représentés les personnages et par les informations qu’elles nous donnent. BD documentaire, Afro-Québécoise, féministe, militante, ces œuvres prennent divers visages aujourd’hui. Qu’on pense à celle qui a récemment été publiée par Radio-Canade Estrie pour relater le combat du blogueur emprisonné Raif Badawi (http://ici.radio-canada.ca/regions/estrie/2017/bande-dessinee-raif-badawi/) ou les illustrations de la bédéiste québécoise D. Mathieu Cassendo (https://cassendo.wordpress.com) qui utilise son art pour dénoncer le racisme. Qui a dit que la BD se limitait aux Lucky Luke?  ;)

 

 


Subscribe to Syndication